Les mesures physiques, telles que le lavage des mains ou l'utilisation de masques, permettent‐elles d'arrêter ou de ralentir la propagation des virus respiratoires ?

De la méga-étude publiée dans la Cochrane database:  Interventions physiques visant à enrayer ou à réduire la propagation des virus respiratoires

Tom Jefferson, Liz Dooley, Eliana Ferroni, Lubna A Al-Ansarg, Mieke L. van Driel, Gliada A. Bawazeer, Mark A. Jones, Tammy C. Hoffmann, Justin Clark, Elaine M. Beller, Paul P. Glasziou, John M. Conly

Que voulions‐nous découvrir ?
Nous avons voulu savoir si les mesures physiques arrêtent ou ralentissent la propagation des virus respiratoires à partir d’études bien contrôlées dans lesquelles une intervention est comparée à une autre, appelées essais contrôlés randomisés.

Comment avons‐nous procédé ?
Nous avons recherché des études contrôlées randomisées portant sur les mesures physiques visant à empêcher les personnes de contracter une infection par un virus respiratoire.

Nous nous sommes intéressés au nombre de personnes ayant contracté une infection par un virus respiratoire et si les mesures physiques avaient des effets indésirables.

Qu’avons‐nous trouvé ?
Nous avons identifié 78 études pertinentes. Elles ont eu lieu dans des pays à revenu faible, intermédiaire et élevé du monde entier: dans des hôpitaux, des écoles, des domiciles, des bureaux, des crèches et des communautés pendant des périodes de grippe non épidémique, la pandémie de grippe H1N1 en 2009, des saisons de grippe épidémique jusqu’en 2016, et pendant la pandémie de COVID‐19. Nous avons identifié cinq études en cours, non publiées ; deux d’entre elles évaluent les masques pendant la pandémie de la COVID‐19. Cinq essais ont été financés par le gouvernement et des sociétés pharmaceutiques, et neuf essais ont été financés par des sociétés pharmaceutiques.

Aucune étude n’a porté sur les écrans faciaux, les blouses et les gants, ni sur le dépistage des personnes à leur entrée dans un pays.

Nous avons évalué :

‐ les effets des masques médicaux ou chirurgicaux ;

‐ les effets des appareils de protection respiratoire N95/P2 (masques à ajustement serré qui filtrent l’air respiré, plus couramment utilisés par les professionnels de santé que par le grand public) ; et

‐ les effets de l’hygiène des mains (lavage des mains et utilisation d’un désinfectant pour les mains).

Nous avons obtenu les résultats suivants :

Masques médicaux ou chirurgicaux

Sept études ont été réalisées dans la communauté et deux autres auprès de professionnels de santé. Par rapport au port d’un masque dans les études communautaires uniquement, le port d’un masque pourrait faire peu ou pas de différence dans le nombre de personnes ayant contracté une maladie de type grippe/COVID‐19 (9 études ; 276 917 personnes) ; et fait probablement peu ou pas de différence dans le nombre de personnes ayant une grippe/COVID‐19 confirmée par un test de laboratoire (6 études ; 13 919 personnes). Les effets indésirables ont rarement été signalés ; un malaise a été mentionné.

Masques respiratoires N95/P2

Quatre études ont été menées auprès des professionnels de santé, et une petite étude a été réalisée dans la communauté. Par rapport au port de masques médicaux ou chirurgicaux, le port de masques respiratoires N95/P2 ne fait probablement que peu ou pas de différence dans le nombre de personnes ayant une grippe confirmée (5 études ; 8407 personnes) ; et pourrait faire peu ou pas de différence dans le nombre de personnes attrapant une maladie de type grippal (5 études ; 8407 personnes), ou une maladie respiratoire (3 études ; 7799 personnes). Les effets indésirables n’ont pas été bien signalés ; un inconfort a été mentionné.

Hygiène des mains

L’application d’un programme d’hygiène des mains pourrait réduire le nombre de personnes qui contractent une maladie respiratoire ou pseudo‐grippale, ou qui ont une grippe confirmée, par rapport aux personnes qui ne suivent pas un tel programme (19 études ; 71 210 personnes), bien que cet effet n’ait pas été confirmé comme une réduction statistiquement significative lorsque les SPG et les SPG confirmés en laboratoire ont été analysés séparément. Peu d’études ont mesuré les effets indésirables ; l’irritation de la peau chez les personnes utilisant un désinfectant pour les mains a été mentionnée.

Quelles sont les limites des données probantes ?
Notre confiance dans ces résultats quant aux effets des masques et des masques respiratoires N95/P2 est généralement faible à modérée pour les critères de jugement subjectifs liés aux maladies respiratoires, mais modérée pour les infections virales respiratoires confirmées en laboratoire. Les résultats pourraient changer lorsque de nouvelles données probantes seront disponibles. Un nombre relativement faible de personnes ont suivi les conseils sur le port du masque ou sur l’hygiène des mains, ce qui pourrait affecter les résultats des études.

Ces données probantes sont‐elles à jour ?
Nous avons inclus les données probantes publiées jusqu’en octobre 2022.

error: Content is protected !!